Évaluation du risque en assurance : comment ça fonctionne?

Dernière mise a jour le 2 novembre 2020

Le domaine de l’assurance de dommages et son vocabulaire peuvent sembler complexes. Pourtant, l’assurance fait partie de nos vies. Qu’on soit propriétaire ou locataire d’une habitation et quand on conduit un véhicule, on a besoin de protections d’assurance qui procurent une paix d’esprit, en plus d’avoir à respecter certaines obligations contractuelles. On sait tous que des événements imprévisibles et accidentels peuvent causer des dommages.

À ce sujet, on nous demande régulièrement comment fonctionne l’évaluation du risque pour les assureurs. Pourquoi cette évaluation mène-t-elle parfois à une difficulté de trouver un assureur ou à un refus d’assurance? Quand un assureur offre une assurance, sur quoi se base-t-il pour déterminer le prix? Ces questions sont importantes et légitimes. On y répond ici de la manière la plus simple possible et dans un ordre logique pour vous permettre d’y voir plus clair!

LE RISQUE EN ASSURANCE : LES PRINCIPES DE BASE

Rappelons d’abord quels sont les grands principes derrière l’assurance. L’assurance est à la base un moyen de gérer les risques financiers. Même si la notion de risque est vaste et évoque plusieurs réalités, pour les assureurs, on peut définir le risque principalement par la probabilité qu’un événement imprévisible et quantifiable survienne et endommage les biens.

Quand on souscrit une assurance, on paye ainsi une prime à un assureur pour, en échange, être indemnisé, selon les modalités du contrat, en cas de dommages causés par un sinistre couvert. En assurance de dommages, il s’agit de couvrir des biens ou la responsabilité civile. Le point de départ de ce processus est donc l’évaluation du risque par les assureurs.

Pourquoi les assureurs posent-ils autant de questions?

Oui, les assureurs posent beaucoup de questions, car c’est justement cette démarche qui permet d’évaluer adéquatement le risque à assurer. Grâce aux informations recueillies, un assureur peut comprendre vos besoins et votre situation. Pour déterminer s’il a les bons produits pour vous, il tient compte d’un ensemble de facteurs.

Plusieurs éléments sont de nature à augmenter ou diminuer la probabilité d’un sinistre. Chaque assureur a ses normes de souscription et de tarification. Celles-ci sont notamment établies au moyen de différentes analyses et statistiques à sa disposition. En voici des exemples éclairants :

  • Vous saviez que la prime moyenne payée en assurance auto est plus chère dans les grandes villes ? Ce n’est pas vraiment étonnant quand on sait que des statistiques sur le taux de vol automobile et le taux de sinistres démontrent que les risques sont plus élevés dans les grands centres. Il existe aussi des listes des modèles de véhicules les plus volés au Québec. Si vous habitez à Montréal et envisagez d’acheter une voiture figurant dans cette liste, il est bon de connaître ces données sur l’assurance auto.
  • Le pointage de crédit est utilisé par les assureurs dans leur processus d’évaluation. Pourquoi? Des études réalisées démontrent qu’une personne présentant une belle cote de crédit représente un risque moins élevé pour les assureurs. La cote de crédit a ainsi un lien direct avec le risque d’assurance ou la probabilité de réclamer pour un sinistre.
  • En assurance habitation , la situation géographique est un facteur important pour les assureurs. Selon le secteur ou le quartier, il y a des données disponibles sur le taux de criminalité (vol, vandalisme) et d’incendie, l’accès éloigné à des services de pompiers, les types de sols, etc. Un assureur peut ainsi choisir de ne pas couvrir un secteur ou un territoire, alors qu’un autre le fera. Par exemple, la présence d’ocre ferreuse, de pyrite ou de pyrrhotite rend un secteur difficile à assurer, car les dommages y sont prévisibles.
  • Les chiffres démontrent qu’un phénomène comme la distraction au volant provoque une augmentation des accidents et que la technologie a fait exploser les coûts de réparation des véhicules. La majorité des assureurs ont donc augmenté les primes d’assurance d’auto.

Ce dernier exemple illustre bien l’importance du juste équilibre à trouver pour les assureurs : pour qu’ils puissent continuer d’offrir des protections d’assurance à des prix intéressants, ils doivent garder ce juste équilibre entre les primes perçues et les indemnités versées lors de réclamations. Dans cet exercice rattaché au processus d’évaluation du risque, les assureurs se basent aussi sur les facteurs propres à chaque cas.

Mais au-delà de la gestion du risque individuel, l’assurance est aussi un partage du risque collectif, d’où les efforts pour lutter contre la fraude, le refus des risques suspects ou pour lesquels les dommages sont prévisibles et l’accent mis sur la prévention. La vigilance est profitable à tout le monde!

Bien sûr, chaque cas est spécifique. Votre situation et votre réalité ne sont pas les mêmes que celles des autres. Quand vous faites appel à des assureurs pour une assurance auto ou habitation, ceux-ci doivent donc personnaliser leur évaluation en fonction de votre dossier, des protections que vous désirez et de l’information que vous fournissez. Même si cette analyse peut sembler plus subjective, elle se base quand même sur des critères et indicateurs objectifs.

À la fin du processus, un assureur décide d’accepter ou de refuser un risque. S’il accepte, il doit aussi déterminer la prime. Regardons cela de plus près pour rendre le tout plus concret.

QU’EST-CE QUI PEUT EXPLIQUER UN REFUS D’ASSURANCE?

Vous avez de la difficulté à vous assurer ou connaissez quelqu’un qui a eu ce problème? Tant pour l’assurance auto que l’assurance habitation, si vous avez déjà été un mauvais payeur ou avez eu plusieurs sinistres et réclamations dans les dernières années, il pourrait être difficile pour vous de trouver un assureur. Le non-paiement de primes, la fréquence des sinistres et des résiliations antérieures sont en effet des raisons fréquentes d’un refus d’assurance, de certaines protections ou de renouvellement de contrat.

Parmi les éléments qui peuvent sonner une alarme chez les assureurs, mentionnons aussi une situation financière précaire, notamment une faillite récente, et des antécédents judiciaires, dont les cas de fraude, qui sont malheureusement fréquents et nuisent à l’ensemble des assurés dans l’industrie de l’assurance.

En assurance habitation, les raisons d’un refus peuvent aussi être liées, entre autres, à ces critères :

  • Âge du bâtiment et des rénovations et entretien général de la propriété
  • Situation géographique ou secteur
  • Catégorie d’animaux et activités rattachées
  • Activités professionnelles et agricoles sur les lieux de l’habitation

En assurance auto, il y a plusieurs raisons possibles, dont celles-ci :

  • Âge du conducteur ainsi que son expérience et comportement de conduite
  • Suspension du permis de conduire
  • Marque et modèle du véhicule compte tenu du risque de vol
  • Modification de performance au véhicule

Quoi faire en cas de refus d’assurance?

Sachez qu’il existe du soutien et des solutions. En effet, le Bureau d’assurance du Canada (BAC) offre des services d’accompagnement gratuits aux personnes qui éprouvent des difficultés à assureur leur auto ou leur habitation. À cet égard, il faut faire la distinction entre l’assurance obligatoire et l’assurance optionnelle.

En assurance auto, en vertu de la Loi sur l’assurance automobile, le propriétaire d’un véhicule doit avoir minimalement un contrat d’assurance en responsabilité civile pour un montant de 50 000 $ (500 000 $ pour un véhicule hors route). C’est pourquoi la loi vous garantit l’accès à ce minimum d’assurance obligatoire. Pour les protections optionnelles, il existe des assureurs spécialisés en cas de refus d’assurance par des assureurs standards. Le principe est le même pour l’assurance habitation, laquelle n’est pas obligatoire, mais exigée souvent par les prêteurs hypothécaires.

Notez toutefois qu’avant d’avoir recours aux services du Centre d’information du BAC, vous devez avoir fait des démarches et été refusé par cinq assureurs. Précisons qu’un assureur peut refuser un risque en fonction de ses normes, alors qu’un autre peut l’accepter. Chaque assureur sélectionne ses risques en fonction de sa réalité, notamment ses impératifs de rentabilité. Magasiner ses assurances est de toute façon une démarche recommandée dans tous les cas!

COMMENT EST DÉTERMINÉE LA PRIME D’ASSURANCE?

La suite logique, quand les assureurs acceptent d’assurer un risque, est d’établir la prime pour faire une offre. Qu’est-ce qui influence le prix d’une assurance auto ou habitation? Comme on l’a mentionné précédemment, les nombreuses questions des assureurs permettent d’évaluer correctement le risque.

Assurance auto

En assurance auto, quatre grands facteurs influencent la prime : votre situation, votre expérience de conduite, votre véhicule et les protections que vous voulez. Certains éléments sont considérés, dont :

  • Âge du ou des conducteurs de l’auto
  • Lieu principal d’utilisation du véhicule
  • Utilisation de l’auto (personnelle ou professionnelle)
  • Cote de crédit
  • Dossier de conduite et de sinistre automobile
  • Marque et modèle de l’auto
  • Protections choisies

En connaissant les critères utilisés, vous avez une marge de manœuvre et d’action pour avoir un meilleur prix tout en souscrivant les protections adéquates. Bien sûr, il est difficile d’avoir un gros impact sur le taux de vol dans votre région, mais c’est vous, par exemple, qui choisissez la voiture que vous achetez. Vous pouvez aussi poser des gestes de prévention, par exemple installer des dispositifs antivol pour bénéficier de rabais.

Assurance habitation

En assurance habitation, les assureurs se basent principalement sur les informations suivantes :

  • Le bâtiment (âge, dimensions, localisation, système de chauffage, matériaux de construction, coût de reconstruction, etc.)
  • Le système de protection incendie
  • La valeur des biens à assurer
  • Le contrat et les protections choisies

Évidemment, les critères déjà évoqués, comme l’expérience de sinistres, les taux de criminalité et d’incendie, etc., jouent aussi un rôle dans l’établissement de la prime. Les franchises dans vos contrats, pour vos assurances auto et habitation, sont également une stratégie pour influencer la prime. De manière générale, chaque assureur a une tarification standard. Toutefois, lorsqu’un risque présente des particularités qui sortent de la norme, sans nécessairement le refuser, les assureurs peuvent procéder à des ajustements et faire une offre.

Voilà! On espère que vous comprenez mieux comment fonctionne l’évaluation du risque en assurance, ce qui peut expliquer un refus d’assurance et, lorsque le risque est accepté, comment est déterminé le prix. Comme il y a une foule de critères et que chaque cas est différent, il est important de connaître les grands principes et de ne jamais hésiter à vous informer auprès de votre représentant en assurance de dommages si des aspects sont moins clairs pour vous!